L’action sociale en 2025…
Pourquoi n’aurions nous pas aussi le droit de rêver un peu et de le faire sur un mode optimiste à l’instar de la plupart des contributions ministérielles au séminaire gouvernemental consacré, le 26 août dernier, à cet exercice ?
Allons y !
En premier lieu le niveau de pauvreté s’est considérablement réduit, du fait tout à la fois d’une croissance renouvelée (et pas seulement monétaire), d’un droit au logement effectif pour tous et de politiques publiques volontaristes. Dans le même temps, l’école et l’appareil de formation prennent réellement en compte les besoins du plus grand nombre sans se focaliser sur la sélection des élites. Le taux d’emploi est reparti à la hausse ce qui entraîne la baisse du chômage et une meilleure intégration dans les entreprises de personnes en situation de handicap ou de difficultés sociales. La cité elle-même est devenue intégrative, les banlieues et autres quartiers précédemment difficiles ont rejoint le droit commun et aucun indicateur ne les distingue particulièrement (mixité sociale, emploi, implantation de services publics, taux de délinquance…) Intégrative, la cité l’est aussi pour les personnes en difficultés pour se déplacer, pour accéder aux commerces, à la culture, aux services publics de toute nature. La prévention comme les plans de santé publique ont supplanté un modèle centré sur le curatif et la technique mêmes, en ce domaine,, les progrès continuent à se réaliser et à se diffuser à toutes celles et ceux qui en ont le besoin, en France comme ailleurs.
Côté gouvernance, le fait associatif est largement reconnu et les association sont associées, à tous les niveaux, à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation des programmes et dispositifs publics. La participation des usagers est effective grâce notamment à de vigoureuses actions pour favoriser leurs regroupements, leurs expertises. Eux aussi sont présents à toutes les étapes de l’action publique.
Le renforcement qualitatif de la cohésion sociale, la diminution significative du nombre de personnes en difficultés dans les actes de la vie quotidienne améliorent considérablement la question des finances sociales. Au plan macro économique, les dépenses d’action sociale ont connu une baisse significative, en valeur relative d’abord puis en valeur absolue. Dès lors, les institutions sociales (établissements, services, dispositifs ouverts) disposent relativement de plus de moyens pour accueillir moins d’usagers. Des recompositions de l’offre ont certes été nécessaires et des structures ont disparues. Mais les missions d’intégration qui échoient alors aux grandes fonctions de socialisation (entreprise, ville, école, logement,…) ont généré de nombreuses créations d’emplois qui ont largement bénéficié de l’expertise acquise par les professionnels de l’action sociale.
La repolitisation de l’action sociale, c'est-à-dire le fait que ce domaine soit passé dans le l’espace public comme une question éminemment politique et pas seulement « sociale » voire compassionnelle, y a largement contribué. De nombreux débats relayés dans les principaux médias ont favorisé ce processus.
I have a dream… ! Mais 2025, c’est loin et près à la fois, C’est loin, et il suffit de regarder ce qui se passait il y a douze ans, en 2001, et le chemin, bon ou moins bon, parcouru. Mais c’est court également car l’action sociale est une machinerie lourde et complexe qui ne peut évoluer significativement que sur du moyen terme.
Ces dernières années ont connu des inflexions cherchant à gérer au mieux les tensions entre des besoins sociaux qui s’accroissent et des ressources financières qui tendent à diminuer, au moins en valeur relative. On ne sortira pas de ces situations ainsi créées, et insatisfaisantes pour tout le monde, sans une stratégie claire. D’une certaine façon, 2025 c’est aujourd’hui. Le rapport de Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective, rapport qui a servi d’introduction au séminaire gouvernemental, ne dit pas grand-chose sur les questions sociales[1]. Les contributions, s’il y en a eu, de Marisol Touraine ou des trois ministres déléguées n’ont pas été publiées.
Les États généraux du travail social peuvent être l’occasion d’en débattre et de placer ces questions dans l’espace public. Notre rencontre du 13 septembre prochain à Paris y contribuera[2].
[1] Il insiste juste sur la questions des inégalités, qui est une vraie question en soulignant, en substance, que si la France apparaît moins inégalitaires que d’autres, il reste encore du chemin à faire, particulièrement pour pallier celles liées à l’origine sociale et/ou résultant de conditions socio-économiques.
[2] Informations sur la journée et inscriptions au forum sur le site : www.repolitiserlactionsociale.org