Travail social et radicalisation religieuse
Les phénomènes de radicalisation religieuse occupent la scène médiatique à cause des conséquences dramatiques qu’ils entraînent par la folie meurtrière des plus fanatisés. Devant ce déferlement, le travail social a-t-il un rôle particulier à jouer ?
Certains pensent, selon une logique sécuritaire, que les travailleurs sociaux peuvent être de bons informateurs pour identifier les personnes inscrites dans une dérive radicale. Déjà, en quelques endroits, des accrocs aux principes de confidentialité et de secret professionnel sont constatés. Travailleurs sociaux apeurés et services de police alarmés coopèrent au quadrillage ordonné des pauvres et des marginaux.
D’autres affirment que les pratiques d’aide inhérentes au travail social n’ont rien à voir avec une question d’ordre et de sureté publics qui relève des fonctions régaliennes de l’Etat qui dispose pour cela de l’armée et des forces de police.
N’existe-t-il pas une troisième voie consistant à prendre en compte les causes de cette radicalisation de quelques personnes ? Si nous refusons de réduire exclusivement les attentats à la folie d’individus embrigadés par des organisations mortifères, si nous n’admettons pas d’enfermer les pratiques terroristes dans la seule dimension religieuse qu’elles revendiquent, si nous récusons l’idée qu’il s’agirait seulement d’un conflit de civilisations, alors les voies d’une analyse ouverte se dévoilent. Il est alors question d’intégration sociale, de justice pour tous, de reconnaissance de chacun, d’identité positive qui apparaissent comme des axes de résolution des difficultés, tant au plan planétaire qu’à celui des communautés sociales dans les territoires. Dans cette perspective, le travail social trouve toute sa place pour contribuer, à son niveau et à la hauteur de ses moyens, à lutter contre toutes formes de radicalisation. En ce sens, il est un enjeu de démocratie.