Repolitiser ou mourir sous leurs balles ?
Les terroristes qui ont ensanglanté l’opinion publique française en ce début janvier 2015 sont les « clients » habituels des dispositifs de protection de l’enfance, de prise en charge des mineurs délinquants, de lutte contre les exclusions…. Ce sont ces mêmes jeunes qui, pour certains, à la sortie des dispositifs du travail social, quittent le territoire national pour aller faire le Djihad.
La régression barbare ne signe-t-elle pas, au moins en partie, l’échec de nos organisations d’intervention sociale ?
Les « prestations » servies à ces jeunes en souffrance personnelle, sociale et familiale, mal adaptées aux exigences de la société, en délicatesse avec une « Loi » qu’ils ne parviennent pas à intégrer, sont-elles la réponse juste qu’il convient de leur proposer ? Là où ils attendent un peu d’espérance pour éclairer leur chemin de vie, le système leur propose des cadres, des cases, des procédures et des codes comportementaux à tenir, sur fond de stigmatisation et de mise à l’écart. Le tout est alimenté par un discours ambiant de rejet, de jugement, de discrimination, voire de diabolisation sur fond de relents xénophobes ou de ségrégation religieuse d’une société qui n’aime pas sa jeunesse.
Quelle « espérance » peut ouvrir la conception occidentale de la laïcité ? « Vivre ensemble » se résume-t-il simplement à « tenir dans les clous » des passages qu’impose notre société ?
Faute de réincorporer le travail social et éducatif à la question politique du projet de société, les dispositifs d’intervention génèrent des réponses instrumentales qui n’ouvrent pas de perspectives sociétales. Faute de faire de l’action sociale une œuvre de transformation de la société, les actions conduites auprès des personnes fragiles, souffrantes ou exclues resteront des voies sans issues qui enferment les plus sensibles d’entre elles dans les impasses de la folie et du non-sens.
Si nous ne voulons pas que d’autres fantassins de la liberté meurent sous les balles des fondamentalistes, il est urgent de repolitiser l’action sociale pour ouvrir des débats sur le projet collectif, laïc et républicain, pour redonner du sens à la vie commune, pour ouvrir l’espérance d’une société intégrative, juste et bienveillante pour tous.