Repolitiser l'Action Sociale dans les départements

Ca y est ! Les élections départementales sont passées. Les nouveaux conseils départementaux sont en place après une campagne qui a opposé les trois forces politiques dominantes du paysage français.

Les leaders se sont fait peur, ont cherché à faire peur et ont agité les épouvantails. La montée du Front National résulte de ces errances où la tactique a remplacé la confrontation des perspectives politiques et la mise en débat des conceptions d’un monde meilleur. Le manque d’intérêt des français pour cette élection résulte peut-être du peu de visibilité sur l’avenir des départements dont les compétences restent encore floues dans la loi NOTRe (Loi portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République). L’abstention, quant à elle, résulte sans doute d’une campagne menée sur des thèmes nationaux trop éloignés des enjeux de proximité qu’ont à gérer les départements.

Mais au-delà de ces analyses, un aspect a été mis en veilleuse qui concerne les enjeux de cette élection. Chacun a su rappeler que la première compétence des départements, la plus dispendieuse aussi, c’est l’action sociale auprès des jeunes enfants (PMI), des familles (protection de l’enfance), de la lutte contre les exclusions (RSA…), du logement des personnes en situation de handicap et des personnes âgées. Mais de quelle action sociale parlons-nous ? Les départements ne sont-ils pas en train de devenir des sortes de « super CAF » chargés par délégation de gérer des prestations sociales indépendamment d’un projet politique pour les territoires ? S’agit-il seulement d’œuvrer à l’aide aux personnes fragiles sans interroger leur place dans la société ? Veut-on promouvoir une aide sociale qui vise seulement à compenser les injustices produites par un système économique en crise ?

L’instrumentalisation des départements, fussent-ils renouvelés dans leur forme (nouveaux cantons, binômes homme/femme), leur partition des compétences (départements, métropoles…) et leurs missions (recentrement sur l’action sociale, remise en cause de la clause générale de compétence…), participent d’une dépolitisation de l’action sociale.

Les nouvelles équipes départementales sont en place, elles ont été élues sur un projet politique (même si celui-ci reste généralement indéfini et incertain) : mettons-les en demeure de décliner cela en un véritable projet politique d’action sociale !

Comment les personnes en difficulté prendront-elles en main leur destin individuel et collectif ? Comment les usagers peuvent-il devenir acteurs et citoyens dans les territoires ? Comment les actions sociales participeront-elles à la promotion du pouvoir d’agir des habitants ? Quelle société de justice, d’intégration, de respect et de solidarité veut-on construire ? Comment les conseils départementaux vont-ils procéder pour atteindre ces ambitions ?

Maintenant, il est urgent de repolitiser l’action sociale dans les départements !