Réforme de la formation
On ne cesse de réformer la formation par des lois, des mesures gouvernementales, des nouveaux dispositifs… Et celle des travailleurs sociaux n’échappe pas à la règle.
La récente équivalence des diplômes avec les grades universitaires, voulue par le plan d’action en faveur du travail social a défrayé la chronique. Un des enjeux portait sur le « tronc commun », véritable serpent de mer qui anime les débats depuis plusieurs décennies. La Commission Professionnelle Consultative du travail social (CPC) a trouvé un compromis qui semble à peu près satisfaire les parties en présence (les évolutionnistes contre les corporatistes). L’identité des diplômes est sauve ainsi que le sacro-saint principe de l’alternance.
Dans ces mutations, nous sommes peut-être passés à côté des questions essentielles dont les réponses auraient permis de repenser autrement les compétences nécessaires aux pratiques de demain qui attendent les professionnels actuellement en cours de formation :
- Le travail social a-t-il encore besoin d’un apprentissage basé sur la reproduction des anciens par les nouveaux ? L’alternance, si elle n’est pas repensée, risquant d’enfermer les stagiaires dans l’imitation de leurs pairs.
- Le travail social a-t-il encore besoin d’experts qui apportent des réponses ou de révélateurs des capacités d’agir des usagers ? Les contenus théoriques étant plus marqués par l’acquisition de savoirs que par la mise en expérience de méthodes participatives.
- Le travail social a-t-il besoin de pratiques professionnelles spécifiques et différenciées ou de compétences transversales étroitement articulées autour du projet de vie de chaque personne accompagnée ? Les diplômes du travail social, soigneusement rangés selon une hiérarchie fondée sur des contenus, limitant l’intermétier à une juxtaposition de compétences.
Les évolutions en cours, représentent, sans aucun doute possible, un véritable tournant des rapports entre les professionnels de l’action sociale et l’essence même de leur métier. Seront-ils conformes aux listes de procédures concoctées pour leur donner des références de bonnes pratiques à suivre ou s‘autoriseront-ils à participer à une transformation de la société par la capacité donnée à chacun de pouvoir agir sur le monde auquel il appartient ?
L’architecture Suisse maintenant les lieux de formation des travailleurs sociaux spécifiques auxquels participent activement le savoir universitaire, pourrait servir de réflexion au futur schéma pour former les travailleurs sociaux de demain dans le souci de maintenir actif un espace de réflexion et d’action, salutaire pour la société toute entière.
Ces questions, qui ne semblent pas réglées par la dernière réforme, pourraient sans doute servir de ferment aux futurs principes devant guider la formation des professionnels à venir de l’action sociale qui ne manquera pas d’être précisée dans les textes à venir sur le sujet.