Prendre soin de l’autre est un acte politique
A « Repolitiser l’action sociale », nous ne cessons de répéter que l’action sociale est d’essence politique. C’est-à-dire que l’action sociale est une action sur la société, une manière de faire société, de construire la société. Donner la possibilité à tous et à chacun, et particulièrement aux plus vulnérables, de participer à la vie de la cité est un acte politique.
Mais il ne suffit pas d’énoncer cette dimension politique de l’action sociale dans le seul registre collectif de « polis ». S’intéresser au sort de l’autre revêt également une dimension éminemment politique.
Prendre soin de l’autre, signifie s’inscrire dans une ouverture, un accueil, une bienveillance qui configure une manière de vivre ensemble. Porter une attention aux membres les plus fragiles de la société constitue, pour celui qui en fait sa profession, un positionnement éthique qui projette une conception de la relation à autrui – identique et différent – qui « fait société » d’une manière respectueuse pour chacun. Agir avec et pour autrui dans le but de résoudre des problèmes ou d’accompagner une difficulté à vivre, constitue une forme originale de solidarité – manifestant en actes une société fraternelle – qui est, en soi, une action sur les destins individuels et collectifs.
Mais avons-nous suffisamment conscience que les actes professionnels posés quotidiennement par les travailleurs sociaux dans l’accompagnement de personnes participent pleinement d’un projet de société ? Que prendre soin de ceux qui souffrent est, en soi, un acte politique car il est signe d’une société qui ne se satisfait pas de l’injustice, des inégalités – quelles qu’en soit les causes –, de l’exclusion et de la discrimination ?
Finalement, repolitiser l’action sociale commence sans doute par la dimension la plus intersubjective de l’action sociale.