Plan d’action en faveur du travail social et du développement social (8/9) : La gouvernance du travail social
Le gouvernement a publié, le 21 octobre 2015, un plan d’action pour le travail social et le développement social, nous en livrons une critique argumentée :
Le plan interministériel prévoit la transformation du Conseil Supérieur du travail Social (CSTS) en Conseil Interministériel du Travail Social (CITS). Le CSTS fut créé par Nicole Questiaux en 1984. L’objectif de sa réforme – qui ne remet pas en cause la qualité de ses travaux – est de moderniser son rôle (en faire une instance pertinente auprès de tous les ministres concernés par le travail social et lui permettre de développer une vision exhaustive), sa composition (mieux représenter la société civile et sa dimension interministérielle) et ses modalités d’action (produire, notamment, un rapport triennal d’évaluation du travail social et publier des recommandations).
L’éthique, qui fait l’objet d’une commission permanente du CSTS, est maintenue dans le CITS. Mais c’est le terme « déontologie » qui remplace celui d’éthique. Faut-il, à ce signe, voir la volonté de réforme du CSTS comme une tentative de renforcer la fonction normalisante d’une instance ayant autorité sur les orientations du travail social en France ? Que le gouvernement dote le secteur d’une instance forte réellement représentative, on ne peut que s’en réjouir. Pourvu qu’elle ne soit pas destinée à alimenter une dérive normative. Le risque, ici, est d’alimenter toujours plus l’inflation réglementaire, marquée par un souci de rationalisation qui n’a pas grand-chose à voir avec les réalités de terrain que vivent les professionnels ?
La première mission du CITS sera d’intégrer dans la législation la définition internationale du travail social. Là encore, on peut craindre une logique de standardisation. Si ce n’est que les préconisations pourront permettre de préserver les dimensions nobles que contient cette définition : « Le Travail social est une pratique professionnelle et une discipline. Il promeut le changement et le développement social, la cohésion sociale, le pouvoir d’agir et la libération des personnes. Les principes de justice sociale, de droit de la personne, de responsabilité sociale collective et de respect des diversités, sont au cœur du travail social. Etayé par les théories du travail social, des sciences sociales, des sciences humaines et des connaissances autochtones, le travail social encourage les personnes et les structures à relever les défis de la vie et agit pour améliorer le bien-être de tous. »