Plan d’action en faveur du travail social et du développement social (7/9) : Le travail social élevé au rang de « discipline » universitaire

Le gouvernement a publié, le 21 octobre 2015, un plan d’action pour le travail social et le développement social, nous en livrons une critique argumentée :

Faut-il élever le travail social au rang de discipline d’enseignement ? Cette question a agité le microcosme des chercheurs (colloques, conférence de consensus…). Une discipline universitaire, c’est un ensemble de connaissances constitué en champ d’étude, de formation et de recherche construit en un corpus formel et cohérent et validé par des titres académiques (Licence, Master, Doctorat, le fameux système « LMD »). On nous dit que la constitution d’une discipline ne répond pas à des règles précises, qu’il s’agit d’une construction sociale liée à l’histoire, aux pratiques. Ce qui fait que les disciplines universitaires sont d’une grande hétérogénéité.

Tout cela est bien rassurant ! La démarche consiste à légitimer le travail social comme champ de recherche et comme étant un corpus cohérent. Il ne s’agit donc pas de l’enfermer dans un académisme rigide qui aliènerait sa plurivalence et la richesse de sa diversité. Le travail social doit rester un objet flou, pluriel, ouvert aux courants ou influences qui le traversent. Cette discipline-là ne peut être qu’une inter-discipline qui n’hésite pas à s’alimenter à toutes les sources de la connaissance.

C’est à ces conditions que les pratiques de terrain trouveront à se théoriser dans un espace de controverses, de débats qui mettent en friction les références, les autres approches disciplinaires. C’est à ce prix – c’est-à-dire à la sueur de l’effort intellectuel que cela suppose – que le travail social ne s’enfermera pas dans une rationalisation réductrice de la pensée (faite de positivisme et de prétendue performance), qu’il évitera de se fossiliser dans des certitudes mortifères pour son avenir.