Plan d’action en faveur du travail social et du développement social (4/9) : La participation des usagers

Le gouvernement a publié, le 21 octobre 2015, un plan d’action pour le travail social et le développement social, nous en livrons une critique argumentée :

La formule est maintenant totalement généralisée et entrée dans le langage politiquement correct des travailleurs sociaux : les usagers doivent « participer ». Mais qu’entend-on par ce terme ?

Sans entrer dans toutes les facettes de ce concept, nous pouvons retenir deux acceptions : participation comme rapport de conformité et participation comme rapport subversif.

Une première compréhension de la participation consiste à considérer que, plus l’usager est associé au  fonctionnement de l’établissement ou du service social ou médico-social, plus il va tirer profit de l’aide qui lui est apportée. Cette visée s’inscrit dans un rapport de normalisation. Le degré de performance de l’aide apportée est proportionnel à la conformité de l’usager aux attentes qui sont projetées sur lui. Plus il est engagé dans l’institué qui lui est destiné, plus il bénéficie de l’accompagnement. A l’inverse, plus il résiste du côté de l’instituant, plus il est rétif et résistant, moins il profite du dispositif. La participation, vue comme conformité, est un stratagème de récupération, de contenance sociale et de contrôle.

La seconde acception de la participation se situe cette fois, non du côté de la protection de l’usager mais de sa promotion. Elle se réfère à une action sociale émancipatrice qui œuvre à l’émergence de sujets libres, citoyens de plein exercice, inscrits dans une dimension résolument critique des codes sociaux, visant la transformation sociale. Cette participation est nécessairement subversive et conflictuelle. Elle fait bouger les lignes ce qui est la condition de la prise en main de leur destin par les usagers.