Plan d’action en faveur du travail social et du développement social (3/9) : L’ambiguïté du terme « personne »

Le gouvernement a publié, le 21 octobre 2015, un plan d’action pour le travail social et le développement social, nous en livrons une critique argumentée :

Le plan interministériel pour le travail social éradique les notions  « d’usager » ou de « bénéficiaire ». Sans revenir sur le débat « personne ou usager » (Cf. billet précédent) nous pouvons  nous interroger sur l’usage du terme de « personne ».

Nous sommes tous des personnes. Et rappelons-le, tous potentiellement des « personnes » de l’action sociale, tous susceptibles d’être victimes d’accidents de la vie, qui nous rendront dépendants dans certains aspects de notre existence.

Eh bien justement ! Nous ne sommes pas des personnes de l’action sociale. Nous sommes des personnes, ontologiquement des personnes singulières comme le rappelle Annah Arendt : « …nous sommes tous pareils, c'est-à-dire humain, sans que jamais personne soit identique à aucun autre homme ayant vécu, vivant ou encore à naître. »[1]

Lorsque nous sommes concernés par l’action sociale, nous sommes des personnes auquel il faut adjoindre un qualificatif, ce qu’est le terme d’usager. Nous sommes des usagers de cette action sociale, comme de l’école et du système de santé.

Et cette qualification nous honore parce qu’elle nous reconnaît comme membre d’une société solidaire, citoyen d’une société de droit. Elle nous honore parce qu’elle dit que nous faisons usage de biens sociaux, que, reconnus dans notre unicité de personne, nous ouvrons droit et bénéficions d’un statut protecteur et responsable dans l’usage de l’action sociale.

Le terme d’usager relève de ce qui fait lien entre les membres d’un groupe humain, de ce qui fait société par l’usage d’un bien commun. Etre usager, c’est faire usage de société, être dans le droit et respecter des obligations.

Le terme de « Personne » peut également être compris en référence au courant philosophique du personnalisme. Selon cette approche, l’individu est sujet, acteur de sa vie, appelé à être maître et responsable de son destin. Le jeu social et ses déterminismes ne peuvent dicter l’avenir car vivre, c’est créer, innover, laisser surgir la créativité propre à chacun.

 

[1] Condition de l’homme moderne, Calmann-Lévy, Paris, 1961 et 1983 (collection Pocket-Agora), pages 41-43