Plan d’action en faveur du travail social et du développement social (2/9) : Des titres incertains
Le gouvernement a publié, le 21 octobre 2015, un plan d’action pour le travail social et le développement social, nous en livrons une critique argumentée.
Le titre du plan interministériel porte une option qu’il nous faut souligner : il existe un lien fort entre le travail social et le développement social. Le premier est mis au service du second. Le développement social constitue la finalité du travail social. Ce titre en dit plus long qu’il ne semble. Le travail social ne se trouve plus inscrit dans l’impasse d’actions réparatrices mais constitue un levier de transformation sociale impliquant les dimensions sociales, économiques, environnementales qui sont les éléments substantiels du développement social.
Il est regrettable que les sous-titres du plan ne confirment pas, dans leur formulation, ni l’ambition du titre, ni la richesse des éléments contenus dans les développements…
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Faire participer les personnes et mieux les accompagner :
D’abord, il faut comprendre pourquoi les « usagers » sont devenus des « personnes ». Le Conseil Supérieur du Travail Social a commis un rapport intitulé « Le rapport aux personnes : Merci de ne plus nous appeler usagers ». Il faut comprendre que ce rapport traite des bénéficiaires de l’action sociale mais qu’il ne sait plus comment les nommer puisque toute désignation menace les usagers de stigmatisation. Alors on ne parle plus que de « personnes ». Le terme « usagers » avait au moins le mérite de nommer ce qui se passe dans le rapport entre des professionnels et des personnes accompagnées. A ce titre le rapport rappelle à juste titre qu’on n’est pas usager en soi mais usager d’un service, d’une prestation, d’un accueil relatif à un besoin. Mais en écartant le terme il oublie que celui-ci qualifie un statut au regard de cette prestation et qu’il décline ainsi la citoyenneté de la personne.
Ensuite, l’idée de « faire participer » en dit long sur les positions des interlocuteurs. La participation n’est pas vue comme une prise de position mais comme une injonction. « Vous devez participer ! Soyez libres ! » Toutes formes paradoxales imposées par ceux qui ont le pouvoir sur ceux qui sont tenus de se conformer aux attentes des puissants. Ce n’est pas la même chose de dire « faire participer » que « créer les conditions d’une participation des usagers ».
Enfin, la seconde partie du titre a un effet très réducteur sur la première : le but de la participation des personnes, c’est de « mieux les accompagner ». Ici, la participation est déshabillée de toutes ses dimensions émancipatrices, voire subversives, pour n’être qu’associée à la qualité de l’action menée par les travailleurs sociaux.
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Promouvoir le développement social pour simplifier les politiques publiques et les organisations :
Là encore, la seconde partie du titre rogne les ailes de la première ! Le développement social porte une ambition. Il vise la transformation de la société par la mobilisation des acteurs des territoires. Son essence repose dans les liens sociaux qu’il renouvelle à travers une participation accrue de chacun à la vie de la cité et sa finalité réside dans la capacité des communautés sociales à prendre en main leur destin. Comment le gouvernement a-t-il pu penser que l’objectif assigné au développement social pouvait se réduire à seulement simplifier les politiques publiques ? Ce n’est d’ailleurs pas ce qui est décrit dans le texte du plan.
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Mieux reconnaître le travail social et moderniser l’appareil de formation
Le titre est clair, il annonce un engagement de l’Etat. Sans doute aurions-nous préféré une formulation plus « politique », portant plus haut une ambition. En ce sens, nous aurions pu attendre un titre comportant les mots clefs suivants : qualification, compétences, valorisation, innovation, créativité, promotion…
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Rénover la gouvernance du travail social
Rien à dire : quand le mot « gouvernance » est lâché, tout est dit ! Là encore, plutôt que ce terme dont l’usage de plus en plus galvaudé lui fait perdre ses significations originales et originelles, nous aurions pu imaginer un titre qui affirme : « un pilotage démocratique du travail social » ou encore « rendre le pouvoir aux citoyens pour un travail social qui leur appartient ». Mais c’est peut-être trop subversif ? Peut-être est-ce trop suggérer la dimension politique de l’action sociale et donc du travail social ?