Plan d’action en faveur du travail social et du développement social (1/9) : Enfin !
Le gouvernement a publié, le 21 octobre 2015, un plan d’action pour le travail social et le développement social, nous en livrons une critique argumentée :
La dernière déclaration gouvernementale définissant la mission du travail social dans notre société remontait à 1982 avec la lettre d’orientation pour le travail social de Nicole Questiaux, alors ministre de la solidarité nationale.
33 ans !
Non pas 33 ans de désert mais trois décennies d’incertitude. D’abord parce que les options fortes et volontaires de la ministre d’alors sont restées en suspens, Nicole Questiaux n’ayant pas disposé de l’espace-temps « ministériellement » nécessaire à la mise en œuvre de son plan. Certes, nous avons eu, dans l’intervalle, des textes de loi fondamentaux qui ont, à leur échelle ou dans leur domaine, contribués à donner des points de repères à l’action sociale. Pour n’en citer que quelques-uns : la loi de lutte contre les exclusions de 1998, la loi refondant l’action sociale et médico-sociale de 2002, la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, la loi relative à la protection de l’enfance de 2007, la loi Hôpital Patients Santé et Territoires de 2009, etc. Mais pas de texte de fond affirmant que le travail social est un élément structurant du rapport démocratique dans la société.
En 2013, surprise ! Dans la foulée du plan quinquennal de lutte contre les pauvretés, le Président de la République profite d’une intervention au congrès de l’Uniopss à Lille pour annoncer que se tiendront des Etats Généraux du Travail Social.
Une « machine » complexe et peu lisible dans son déroulement et ses finalités s’est mise en branle dans laquelle le mouvement « Repolitiser l’action sociale » a voulu tenir sa place et être force de contribution critique (notamment par la journée du 13 septembre 2013 au Cedias Musée social à Paris).
Des assemblées interrégionales se sont tenues sous l’égide des DRJSCS, des rapports thématiques ont été remis aux ministres concernés. On attendait l’assemblée conclusive des Etat Généraux… Elle n’a pas eu lieu.
Mais le 21 octobre, le Conseil des ministres adoptait un « plan d’action en faveur du travail social et du développement social » qui avait été concocté dans le secret des cabinets ministériels de Marisol Touraine (ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes) et de Ségolène Neuvile (secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion) par la reprise de tous les éléments issus des consultations.
Ce plan est à saluer comme un acte politique majeur à destination du travail social et de ses acteurs. Enfin, un gouvernement fixe des objectifs et liste des moyens à mettre en œuvre !
Il est maintenant essentiel que les travailleurs sociaux et les usagers se saisissent de ce plan, se l’approprient – y compris et surtout dans une dimension critique – pour qu’il devienne un levier de légitimation du travail social et de son corolaire, le développement social.