Numérique et travail social
En ce moment, la question du numérique fait irruption un peu partout dans les instances du travail social. Le Haut Conseil du Travail Social a installé un groupe de travail sur ce thème. De nombreux autres lieux s’en préoccupent (Cf. l’UNIOPSS, l’ANAS, le CRTS de Bretagne…).
La question qui surgit est celle, déjà ancienne, de la « fracture numérique ». Le défenseur des droits a déjà pointé la responsabilité du numérique dans le fait que « l’accès aux droits recule en France. » Les collectivités locales se mobilisent sur des schémas d’accès aux services publics, les Maisons de Services Au Public fleurissent sur les territoires…
Certains, parmi les bénéficiaires du travail social, n’ont pas accès aux outils numériques d’information et de communication ce qui pose problème au moment où des services privilégient l’Internet comme mode de relation à leurs usagers (Cf. les CAF, Pôle emploi…). Ici, c’est la solvabilité et le niveau d’équipement des usagers qui est en cause. D’autres, parmi les professionnels, persistent à penser que ces outils sont nuisibles à la qualité de la relation. Ici, ce sont plutôt les clivages générationnels qui sont en cause.
Le risque serait, sur la base de ces mises en cause, de réduire la problématique du numérique à une approche pour/contre ou avantages/inconvénients.
L’espace numérique n’est-il pas simplement un nouveau lieu social où se jouent et se rejouent, voire se recomposent, les rapports sociaux avec ce qu’ils comportent d’injustices, d’inégalités, de rapports de forces, voire de violences et d’exclusions ? Et dans ce contexte, le travail social ne doit-il pas renouveler ses pratiques sur la base de ses fondamentaux qui consistent à œuvrer, avec les bénéficiaires, à la promotion de la citoyenneté de chacun ?