Notre société brûle-t-elle ?
Suite à « l’affaire Théo » (une interpellation policière musclée qui aurait tourné au viol), la banlieue s’est à nouveau enflammée. Des manifestations ont émaillé les « quartiers », gagné les lycéens et certaines auraient dégénéré comme à Bobigny. Toutes expriment la relation insupportable qui s’est instaurée entre les forces de l’ordre et les habitants desdits « quartiers », au-delà même des faits qui ont provoqué le mouvement.
Il n’est pas envisageable, dans l’espace de ce billet, de présenter une analyse construite de ce phénomène complexe et il n’y a pas d’intérêt à ajouter un commentaire au flot bavard de l’actualité. Une piste mérite cependant d’être esquissée dans le cadre des problématiques développées par « Repolitiser l’action sociale ».
Les politiques de la ville, la question urbaine, le problème des banlieues, sont des sujets qui sont l’objet de dispositifs publics d’intervention depuis le développement social des quartiers des années 70 (du siècle dernier) jusqu’aux politiques de rénovation urbaine. Ces dispositifs ont produit des effets plus ou moins visibles, parfois contredits par des choix politiques douteux (comme la suppression massive des subventions aux associations de quartier ou la politique du chiffre et la suppression de la police de proximité, sous Nicolas Sarkozy). Mais la limite de toutes ces initiatives ne réside-t-elle pas dans le fait que les réponses sont cantonnées à une question technique. Autrement dit, le refus des politiques sociales à faire de cette problématique une question politique majeure ne nous contraint-il pas à traiter les symptômes sans s’attaquer aux causes ?
La problématique des « quartiers » souvent débattue, jamais résolue, relève-t-elle d’un choix de société ? La relégation urbaine stigmatisant des communautés entières de notre société signifie un monde clivé où chacun ne dispose pas des mêmes chances de vivre dignement et d’être socialement reconnu.
La relation entre la police et la population est-elle à différencier de cette problématique ou y est-elle intimement liée ?
Sans doute les acteurs de l’action sociale, les travailleurs sociaux en particulier, sont-ils porteurs d’éléments de réponse qu’il serait utile d’entendre pour construire des réponses pérennes et solides.
Il est donc urgent que ces professionnels participent activement aux débats politiques pour alimenter de leurs compétences les options proposées. Certes, cela mettrait sans doute en évidence la force subversive du travail social. Mais n’est-ce pas ce qu’il conviendrait de faire : déconstruire les évidences régulièrement énoncées pour imaginer une vraie politique visant à changer les rapports humains au sein de la société ?
Participer à l’instauration de relations apaisées ne fait-il pas partie d’une des missions du travail social ?
N’avons-nous donc pas d’abord besoin d’une action sociale qui participe activement à cette transformation ?