La sérendipité

Pour « repolitiser l’action sociale », il nous faut développer la « sérendipité » du travail social. Sylvie Cattelon[1], universitaire, était invitée à donner, dans Ouest-France, sa définition de ce concept : « C’est le fait de tomber sur quelque chose que nous n’attendions pas, d’être surpris, de voir nos attentes contredites… et savoir s’en saisir » Elle poursuit : « Cela infuse tous les domaines : la recherche scientifique bien sûr mais aussi l’amour…[2] »

L’action sociale ne peut se résumer à la mise en application automatique de procédures d’accompagnement et de protocoles d’intervention. L’action sociale agit au cœur de l’aléa humain, du surgissement de l’imprévu, de l’incertitude des destins, de l’imprévisibilité des comportements parce qu’elle est avant tout affaire de rencontres : entre deux personnes, entre une personne et une équipe, entre des personnes et des organisations…

La sérendipité reconnaît la surprise, la contradiction, l’opportunité, comme constituant le cœur de l’accompagnement. En développant, chez les travailleurs sociaux, cette disposition d’esprit, l’action sociale s’ouvre à la créativité.

De même que les contraintes favorisent l’inventivité, obligent à sortir des sentiers battus et à développer une pensée fructueuse, la sérendipité participe de la même dynamique : être en capacité d’innover dans les réponses apportées aux personnes avec lesquelles nous sommes en relation au quotidien ; construire un savoir-faire  autour d’une adaptabilité des actions quotidiennes ; penser les pratiques dans leur environnement avec les valeurs défendues, énoncées et les conséquences sociales qu’elles impliques.

 

[1] S. Cattelin, Sérendipité, du conte au concept, Editions du Seuil, 2016.

[2] Ouest-France, mardi 20 septembre 2016, « Comment mieux tirer profit du hasard ? »