La création des PRAHDA

Les Centres d’Accueil et d’Orientation (CAO) créés dans la précipitation du « vidage » de la jungle de Calais et de quelques autres campements illustrent une politique migratoire « dos au mur » où les décideurs ne font qu’improviser dans l’urgence. C’est dans ces turbulences qu’ont été créés les Programmes d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (PRAHDA).

Ce dispositif est présenté comme un relais des CAO – étape supplémentaire dans le parcours d’asile. Une étape qui est un pas de plus vers le nivellement de l’offre par le bas : alors que le ratio d’encadrement en Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA) est de 1 pour 15, il est ici de 1 pour 25. Ces centres, de 50 à 150 places ont pour vocation d’héberger les demandeurs d’asile en vue d’une orientation vers les structures du dispositif national d’accueil, les personnes s’orientant vers une demande d’asile (elles disposent alors de 30 jours pour le faire sinon, elles sont sorties de la structure), les personnes dites « en procédure Dublin » (c’est-à-dire étant entrées et enregistrées dans l’espace Shengen par un autre pays que la France) qui peuvent être assignées à résider en PRAHDA en attente de leur transfert. Bref, une sorte de melting-pot pour répondre, une fois encore dans l’urgence, à un manque criant de places d’accueil.

Peu avant le lancement, par l’État, de cet appel d’offre pour l’ouverture de 5351 places PRAHDA, le groupe hôtelier « Accor » a vendu 62 de ses hôtels « Formule 1 » à la SNI, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations. ADOMA (ex « foyers Sonacotra »), filiale de la SNI, a remporté la totalité de l’appel d’offre… Certains, sans doute mal intentionnés, ont vu là la réalisation d’une opération juteuse pour Accor qui se débarrasse de bâtiments obsolètes et pour ADOMA qui développe son activité.

Au-delà des procès d’intention, ce sont les résultats qui comptent ! Ils semblent aujourd’hui loin de pouvoir lever les soupçons qui pèsent sur une politique brouillonne et précipitée aux intérêts peu lisibles, voire douteux. Les « Formule 1 » ont été remplis à la va-vite, notamment en vidant des CAO. Les personnels, souvent repris à Accor, ne sont pas tous des travailleurs sociaux. Les établissements sont sommairement équipés de cuisines partagées insuffisantes, les chambres ne permettant pas d’être aménagées. La promiscuité de personnes, d’ethnies, de conditions administratives disparates, de situations personnelles hétéroclites créent un mélange qui, à terme, se révèlera impossible à gérer et, de plus, ne permettra pas un accompagnement adéquat pour chacun.

Là encore, l’absence d’une ambition politique à hauteur des enjeux, crée des tripatouillages juridico-administratifs et économiques qui n’apportent pas de solution satisfaisante.