Enquête parlementaire Flash sur les EHPAD

Monique Iborra, députée (LRM) de Haute-Garonne, était la rapporteure d’une « mission flash » sur les Etablissements d’Hébergement des Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD). La conclusion de cette enquête éclair (15 jours !) est alarmante, nous disent les médias. Comme s’il avait fallu ce nouveau format d’investigations parlementaires pour découvrir ce que les salariés et les gestionnaires d’EHPAD éprouvent déjà douloureusement depuis longtemps.

Brigitte Bourguignon, présidente de la commission des affaires sociales à l’Assemblée Nationale, a déclaré que ce constat est « accablant » tant les conditions de travail sont « particulièrement préoccupantes tant d’un point de vue physique que psychologique ».

En effet, la mission pointe, ce que nous savions déjà (mais qu’il est bon d’entendre relayer par le législateur) : inadéquation de l’offre par rapport aux besoins ; foisonnement des normes à l’efficacité douteuse ; charges de travail trop lourdes générant accidents du travail et absentéisme ; insuffisance de personnels médicaux dont le recrutement est difficile ; reste à charge trop important pour les résidents...

Le bref rapport de la députée suggère, dès maintenant, de maintenir les contrats aidés pour combler le manque d’effectif, la présence d’un infirmier de nuit partout, une meilleure reconnaissance du métier d’aide-soignant et la publication des évaluations externes des établissements.

Les EHPAD se voient actuellement imposer une réforme de leur financement par la généralisation des Contrats Pluriannuels d’Objectifs et de Moyens (CPOM) et une tarification basée sur un État Prévisionnel des Recettes et des Dépenses (EPRD). La mission flash interroge cette réforme qui risque d’accentuer les inégalités territoriales (mais aussi, ce que ne dit pas la mission, les inégalités entre les formes juridiques des gestionnaires, au bénéfice du secteur privé lucratif).

Un groupe de travail est mis en place qui doit prolonger les pistes ouvertes par les députés (qui devraient, quant à eux, conduire une mission d’enquête plus classique).

Quelles seront les conséquences de cette agitation opportune ? Comment peut-on envisager de mieux traiter nos aînés dans le cadre d’une politique obsédée par la réduction de la dette nationale et qui n’interroge pas la répartition des inégalités ? Par exemple, le temps n’est-il pas venu de créer un impôt pour assumer ce « cinquième risque », celui de la dépendance ?

La réponse à ces éléments conjoncturels soulevés par la « mission flash » – qui ne sont pas anodins tant ils mettent en souffrance les professionnels et génèrent l’insatisfaction des résidents et de leurs familles – ne passera pas par des aménagements de détails mais par un véritable débat pour refonder un projet de société solidaire, y compris de ses aînés.