Empowerment ou responsabilisation individuelle ?
Le travail social est convoqué à développer le pouvoir d’agir de ses bénéficiaires. C’est par la capacité de la personne à prendre en main ses propres solutions à ses difficultés que se joue la réhabilitation des usagers intégrant, du même coup, la promotion de leur citoyenneté.
Qui peut s’opposer à une telle perspective qui favorise l’émancipation des personnes en lieu et place de l’assistanat ?
Cependant, il convient de regarder de plus près ce que peut masquer ce discours volontariste.
L’interprétation néo-libérale du concept anglo-saxon d’empowerment ne consiste-t-elle pas à reporter sur l’individu la responsabilité de sa capacité à s’en sortir lui-même ? Finalement, dans une version radicale, l’empowerment mettrait en œuvre sans discussion le fait acquis : « Pas de bras, pas de chocolat ! » Cette expression cynique issue du film « Intouchables » signifie simplement « Si tu n’y arrives pas toi-même, tu n’auras rien, c’est tout ! ».
En fait, pour éviter cette dérive d’une interprétation étroite de l’ambition promotionnelle des usagers, il faut ajouter la dimension collective à cette approche trop individualiste des choses. Ce n’est pas l’individu qui peut développer, seul, ses capabilités mais la solidarité issue des interactions sociales qui génère la capacité de s’en sortir « ensembles ».
Face à une vision égoïste du vivre pour soi portant sur la responsabilité individuelle, nous devons affirmer une perspective ouverte du vivre ensemble qui repose sur une responsabilité partagée articulant personnel et collectif.