Economies : on privilégie la vision à court terme

Certes, les dépenses d’action sociale ne « diminuent » pas (encore que cela doit s’analyser plus finement selon les secteurs concernés). Elles n’augmentent pas à proportion des besoins tant au plan qualitatif que quantitatif.

Emblématique de cette tension, l’annonce d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé a fixé l’évolution de l’Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (Ondam) à 2,5% en moyenne sur les cinq ans à venir ce qui représente une économie de 15 milliards d’euros au regard de la tendance d’évolution des dépenses.

La stratégie est simple : faire des économies toujours et encore en se basant sur les décaissements budgétaires, c’est-à-dire, uniquement sur l’argent qui sort des caisses publiques. C’est une vision de court terme qui n’intègre pas les coûts induits, sur les moyens et longs termes, par ces refus de dépenses immédiates. Ne pas évaluer ce que pourra représenter, dans l’avenir, la charge d’un usager qui n’a pas bénéficié en temps et en heure de l’accompagnement ou de la prise en charge qui aurait permis son intégration sociale est une stratégie aveugle et inconsciente.

Le développement durable, condition de l’avenir tant de la planète que de nos sociétés, repose sur la philosophie de l’engagement responsable : ce que nous faisons aujourd’hui conditionne ce qui se passera demain. Faire le choix d’investir, dès maintenant, des dépenses visant l’intégration sociale de tous, la compensation des handicaps, les compétences individuelles et collectives, l’accès à l’emploi, au logement, aux soins, etc., c’est miser sur l’avenir, assumer, aujourd’hui, nos responsabilités pour demain et, ce faisant, éviter de futurs surcoûts. Ce choix est facteur d’économies pour l’avenir, économies beaucoup plus substantielles que les « bouts de chandelle » qui ne sont pas dépensés maintenant.

Puisque la démarche vise à tenir de grandes concertations dans des domaines divers et variés, mettant en débat tous les acteurs d’une branche professionnelle, pourquoi l’action sociale ne ferait-elle pas partie de cette dynamique ? Cette démarche permettrait de mettre en perspective l’évaluation du terrain, les besoins des différents secteurs concernés, les moyens envisageables et de définir ainsi le sens politique mis en œuvre.

L’époque redécouvre le poids des symboles. Quoi de plus  symbolique que de réfléchir ensemble à l’importance de la solidarité et de la redistribution des droits créances pour écrire collectivement les pages d’un vivre ensemble qui guideront les actions politiques ?