Des questions sociales de plus en plus « politiques »
Le travail social, quand il se limite à porter assistance aux démunis reste relativement invisible, comme les personnes auxquelles il s’adresse.
Par contre, dès qu’il concerne des publics menaçants pour l’ordre public – ou plutôt considérés comme tels par l’opinion publique – on s’interroge sur l’efficacité des travailleurs sociaux accusés de pratiques dispendieuses dont le retour sur investissement est loin d’être évident.
C’est entre ces deux repères qu’a évolué, historiquement, le travail social.
Aujourd’hui, un phénomène nouveau semble émerger dans ces débats de société. Dans un contexte de plus en plus néolibéral, certains objets du travail social deviennent des questions politiques –elles l’ont toujours été – qui se répandent en des enjeux politiciens. Autrement dit, la politique – celle des stratèges et des tacticiens – entend s’occuper de certaines questions sociales, plaçant ainsi le travail social au cœur d’enjeux qui le dépassent.
C’est, par exemple, le cas des demandeurs d’asile. Ce public, relativement nouveau au plan de son inscription dans l’agenda politicien, s’invite dans les controverses qui agitent le projet de société. Alors que, naturellement (puisque c’est sa fonction), le travail social porte assistance, aide et accompagnement aux réfugiés qui parviennent à rejoindre, dans des proportions de plus en plus massives, notre territoire national, la question est posée : Faut-il le faire ? Pourquoi ? Comment ? C’est alors la raison d’être du travail social qui est mise en cause, celui-ci se trouvant mis en demeure de participer à des formes de régulations heurtant sa culture et modifiant ses pratiques : tris, sélections, refus, rejets, désengagements, etc.
Pour l’avenir, si le jeu politicien continue à envahir de la sorte les interventions sociales, il serait possible que les professionnels du social soient de plus en plus malmenés dans ce qui constitue leur déontologie professionnelle et leur éthique personnelle.