Adaptation de la société au vieillissement : une loi en-deçà des attentes
La loi du 29 décembre 2015 se met progressivement en place et déploie ses effets sans que cela soit toujours très visible. Comme pour de nombreux textes, le chemin sera long de l’intention affirmée par la loi à la mise en œuvre effective.
Entendant anticiper la perte d’autonomie des personnes avançant en âge, la loi instaure les moyens d’une politique mieux coordonnée entre les acteurs (Cf. la conférence départementale des financeurs). Elle renforce l’octroi d’aides individuelles, procédures que nous avons déjà dénoncées par ailleurs comme des « prestations sac à dos ». C’est la philosophie de l’Aide Personnalisée à l’Autonomie (APA) qui consiste à solvabiliser la demande des bénéficiaires en leur donnant les moyens de financer les aides dont ils ont besoin.
L’isolement des personnes âgées est un réel problème qui demande le développement d’une véritable politique, ce qu’ambitionne la loi, notamment en créant les conditions d’un meilleur accompagnement de la perte d’autonomie et en instaurant une gouvernance fiable des politiques afférentes.
Là où la loi nous intéresse, c’est quand elle promeut une véritable graduation des modes d’accompagnement des personnes en perte d’autonomie, depuis la création de conditions de vie adaptées au domicile jusqu’à l’intégration à un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) mais en passant par des solutions intermédiaires comme les « résidences autonomies » (ex foyer logements qui se trouvent ici réhabilités).
Cependant, la loi reste en deçà des attentes. Elle ne tranche pas la question des fractures d’âge entre dépendance et handicap. Il fallait considérer autrement la dépendance indépendamment de la limite des 60 ans. Cette demande supposait la création d’un cinquième risque de sécurité sociale qui aurait unifié les réponses et rendu cohérents les dispositifs. La loi laisse les choses en l’état et maintient les logiques de tuyaux d’orgue qui réifient les usagers dans des dispositifs fermés. Concrètement, cela signifie qu’il vaut mieux déclencher votre maladie d’Alzheimer avant 60 ans (vous êtes alors en situation de handicap) qu’après (vous êtes simplement âgé dépendant)…