Introduction du Forum

Cette journée est le résultat de réflexions appuyées sur deux grands constats :

  1. L’action sociale est confrontée à un ensemble de tensions qui à la fois accroissent la complexité mais, également, permettent de mettre à jour des espaces d’action. Trois éléments principaux structurent ces tensions :
    1. La prévalence des problèmes sociaux, l’apparition de nouvelles catégories de publics ;
    2. Des contraintes financières croissantes ;
    3. Des demandes qui évoluent, qu’elles émanent des pouvoirs publics ou des usagers, et qui impactent les pratiques comme les modes de management.

 

  1. Face à ces évolutions, nous avons constaté qu’il y avait trois grandes postures dont aucune ne nous convenait :
    1. Une posture gestionnaire, normalisante qui estime que la gestion de la complexité peut se faire par des formes de réduction (simplification) du réel ;
    2. Une posture de révolte, de dénonciation, parfois mâtinée de nostalgie. Pour nécessaire et parfois salutaire qu’elle soit, elle ne permet pas de réellement progresser ;
    3. Une posture pragmatique, gérant les problèmes au fil de l’eau et tentant seulement d’en limiter les aspects les plus négatifs.

Il nous est apparu nécessaire de rechercher un autre positionnement, de réfléchir à la place et au rôle l’action sociale dans la société telle qu’elle est, d’envisager les transformations nécessaires pour répondre aux besoins dans une perspective sociétale.

Cette recherche ne s’est pas faite dans le but de construire des réponses toutes faites, clefs en mains. Elle se réalise au travers de la volonté d’ouvrir un espace de débats et d’échanges, espace décalé, sans enjeu institutionnel propre. C’est le sens de cette journée.

Nos premières réflexions s’appuient sur quelques repères :

  1. Il convient de ré-interroger la place, le rôle, les finalités et l’utilité de l’action sociale ;
  2. Ceci prend en compte des processus sociaux de  déversement de l’économique  et des grandes fonctions d’intégration (école, logement, ville…) vers le social et plus précisément vers l’action sociale à la quelle il est demandé de pallier des dysfonctionnements sociaux qui s’accroissent ;
  3. Il convient ensuite d’articuler des réflexions au plan global avec les dimensions de sens et  les questions éthiques qui traversent les politiques sociales comme le travail social tout en questionnant les fondamentaux de la « clinique sociale » et les pratiques ;

Ceci nous a conduits à porter une attention plus particulière sur trois thématiques :

  1. La question des financements, des coûts, entre approche comme dépense ou approche comme investissement ;
  2. Un regard critique sur les modes de régulations, Etat ou collectivités locales, ainsi que sur les rapports entre pouvoirs publics et opérateurs ;
  3. Quelle place pour les usagers (et pas seulement pour l’usager singulier), quelle articulation entre individu et collectif, que faut-il entendre par « responsabilité ;

En résumé :

Notre hypothèse centrale est donc que les questions posées à l’action sociale, et qui la traversent, résultent fondamentalement de la hausse des problèmes sociaux, de la fragilisation des liens sociaux ordinaires dans une société qui produit de la précarité et de la précarisation. Les tensions financières sont d’abord le fait de processus de déversement et non celui des opérateurs eux-mêmes. Cela ne signifie pas sous estimer les questions budgétaires mais vouloir une perspective visant à diminuer le poids des problèmes sociaux pour diminuer les charges qui pèsent sur l’action sociale, même si cela prendrait du temps.

Nous souhaitons nous inscrire dans une stratégie de réencastrement des problèmes sociaux dans la société et dans ses grandes fonctions d’intégration ce qui nécessite une forme de (re)politisation de l’action sociale.  Cette mise en perspective ne doit pas, pour autant, nous dédouaner d’un regard critique sur les pratiques comme sur les positionnements actuels, qu’il s’agisse des fédérations, des associations ou des professionnels.

Les assises et les Etats généraux vont ouvrir un espace public de débats. Ce sont, pour nous,  l’une des échéances à laquelle nous souhaitons apporter une contribution la plus collective possible.

 

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