Le concept de « care » (« prendre soin » en français) est à la mode. Il devient une finalité en soi pour l’accompagnement des personnes vulnérables. Tout le monde souscrit à cette ambition généreuse…
Pourtant, ce n’est pas si simple. Comment concilier cette volonté de bien traiter les usagers avec les systèmes de contraintes qui s’imposent dans la relation d’aide ? Aider l’autre suppose toujours une inégalité relationnelle. La question revient souvent dans les pratiques des travailleurs sociaux.
Quand un enfant est placé par mesure judiciaire, c’est pour prendre soin de lui, mais cette décision est « maltraitante » pour ses parents. Comment être toujours bientraitant dans le contexte des aides prescrites qui ne rejoignent pas toujours, tant s’en faut, les désirs des personnes concernées ? Ici, la notion de « care » se situe en surplomb des souhaits ou demandes des usagers. Elle se fonde sur la notion de besoin qui, parfois, dépasse les aspirations individuelles au nom de principes généraux tels que l’assistance à personne en danger, l’intérêt supérieur de l’enfant, etc.
Affirmer que le travail social est fondé sur le « care » suppose donc de ne pas se satisfaire d’une réduction de cette idée à la simple satisfaction des personnes accompagnées. Prendre soin met en jeu des interactions complexes entre les désirs individuels, les nécessités vitales, les besoins fondamentaux et les normes sociales qui s’imposent. C’est en prenant en compte cette dimension systémique des facteurs en présence que le « care » prend toute son épaisseur dans des rapports humains qui ne sont jamais tout noirs ou tout blancs.
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