Une prestation est un acte produit en fonction d’une obligation ou d’un contrat. Une prestation de service est une action non matérielle fournie à un client, la plupart du temps contre rémunération. Le prestataire effectue un acte pour celui qui en bénéficiera.
Le terme de prestation a progressivement fait son nid dans le travail social. On parle de prestation de service pour désigner les formes d’accompagnement que réalisent les travailleurs sociaux. Les organisations qui les emploient deviennent des plates-formes de service. On peut penser que cette tendance est une actualisation des missions du travail social pour lui permettre d’être en phase avec les mentalités actuelles.
Mais une analyse plus fine de cette tendance interroge les effets sous-jacents à ces glissements de langage. Car finalement, à quelle logique correspond le concept de prestation ? Il s’agit d’une démarche à sens unique qui va d’un prestataire à un client. La réciproque se résumant, dans un cadre commercial, à une rémunération du premier.
Précisément, le travail social n’est pas une action à sens unique qui va du travailleur social à l’usager. Ce qui se passe dans la relation est beaucoup plus complexe. En fait de prestation, il s’agit de relation. Dans la prestation, l’action est réduite à un objet, un acte, une production de service. Dans la relation, l’action est un assemblage d’éléments inscrits dans une dynamique d’aller-retour constant entre les protagonistes du travail engagé entre eux et qui les engage réciproquement. Dans la prestation, le dispositif a un début et une fin. Une fois achevé, client et prestataire sont quittes. Dans la relation, le processus produit des effets au-delà du temps physique de l’accompagnement et aucune des parties-prenantes n’est jamais totalement quitte.
Réduire le travail social à une prestation revient à lui rogner les ailes tout en lui demandant de continuer à voler.
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Très éclairant, Roland ! Merci
Merci !