L’import dans les établissements et services sociaux et médico-sociaux des concepts forgés par les qualiticiens de l’industrie a considérablement modifié les référentiels d’action. La Qualité (au singulier et avec une majuscule s’il vous plait !) est devenue l’alfa et l’oméga du secteur. Quoi de plus consensuel que d’affirmer que nous visons tous la qualité ?
Mais le bonheur promis n’est pas au rendez-vous… Les démarches d’amélioration continue de la qualité tendent parfois à s’enliser dans des procédures qui rigidifient le travail quotidien. L’illusion d’atteindre un jour le modèle parfait d’organisation et les bonnes pratiques professionnelles idéales s’envole devant les principes de réalité qui s’imposent aux équipes de terrain. La qualité apparaît plus polymorphe et délicate que ce que l’on pensait.Fort heureusement !
Le travail aux côtés des personnes accueillies et accompagnées suppose des conceptions plurielles de la qualité, capables de s’adapter à la singularité des situations. La Qualité n’existe pas ! Il y a des formes qualitatives qui s’inventent en chemin, évoluent et se modifient au gré des avancées de la relation à l’autre.
C’est paradoxalement cet échec relatif du mythe de la qualité qui fait que, au quotidien, se déploie un travail de grande qualité auprès des usagers, pour et avec eux. Il reste cependant à ce que les autorités chargées du contrôle des établissements et services sociaux et médico-sociaux réalisent qu’il ne sert à rien de continuer à poursuivre cette chimère pour, simplement, identifier et reconnaître l’art qualitatif des professionnels du travail social.
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Bonjour Absolument d’accord. Investissons plutôt sur des démarches de croisement des connaissances qui font se rencontrer professionnels, usagers, formateurs et chercheurs autour de l’évolution du travail social. Démarches qui pourraient être corrélées à une réflexion profonde sur les organisations et leur rapport à la norme, leur besoin de maitrise, versus modèle industriel (parfaitement dépassé aujourd’hui).
Merci pour ces perles de bon sens qui permettent de prendre du recul par rapport au (travail) quotidien et de se saisir de l’autre bout de la lorgnette…
Je suis sincèrement désolée de lire cet article. Je suis directrice adjointe d’un Impro et d’un SESSAD et sachez que cela faisait 30 ans que l’éducatrice spécialisée que je suis attendait la DACQ ! Et ça marche !!!! Même en majuscule …. le terrain est fort de propositions, d’imagination, de créativité et grâce à cette démarche il est pilote de son évolution et de l’Amélioration du service que l’on se doit de rendre aux personnes accompagnées….
Bonjour, Je crains que nous ne nous soyons pas compris (sans doute une expression aussi synthétique sur un sujet aussi complexe en est-elle la cause, outre des maladresses possibles dans la formulation de mon idée). Ce billet ne se veut pas « contre » la qualité mais pour la défense de formes plurielles des pratiques qualitatives à l’oeuvre dans les équipes et la validation d’approches diversifiées de cette question (la question de la qualité ne se pose pas de la même manière auprès de personnes en situation de handicap mental ou de personnes âgées, ou d’enfants à protéger). Pour mieux percevoir ma… Lire la suite »