Penser l’aller-vers au service du pouvoir d’agir des bénéficiaires

par | Nov 19, 2024 | Droit des usagers | 0 commentaires

  1. D’où vient ce concept de l’aller-vers ?

Le travail social, comme beaucoup d’autres champs, se laisse parfois séduire par des modes où de nouveaux mots donnent l’illusion de l’innovation, voire de la disruption. C’est le cas de l’aller-vers, concept pourtant ancien.

  • Une origine inscrite dans la genèse du travail social

Aller à la rencontre des publics nécessiteux était l’intuition fondatrice des premiers travailleurs sociaux. Déjà Saint-Vincent de Paul envoyait ses filles de la charité dans les quartiers déshérités pour apporter, à domicile de l’aide aux familles pauvres. Sans crainte des raccourcis historiques, nous pouvons citer les surintendantes d’usine – ancêtres des assistantes de service social – qui visitaient les familles ouvrières pour vérifier leurs conditions de vie.

Les premières théories du travail social, autour des notions de case-work, s’inspirant des approches rogériennes de l’empathie se basaient sur des stratégies d’aller-vers. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, concomitamment à la création des établissements spécialisés, une présence éducative et sociale dans les lieux de vie des publics vulnérables s’est développée. Il faudrait citer les Travailleuses Familiales, devenues Techniciennes de l’Intervention Sociale et Familiale (TISF) qui œuvrent au domicile des familles tout comme les mesures éducatives en milieu ouvert  (AEMO ou AED) créées dès les années soixante du siècle dernier.

Une étape marquante de ce mouvement d’aller-vers est l’apparition des éducateurs de rue qui donnera, dans les années soixante-dix les décrets relatifs à la prévention spécialisée. Les clubs et équipes de prévention vont théoriser la dynamique de l’aller-vers autour des notions fondatrices d’anonymat, de non-mandatement et de non-institutionnalisation.

Mais le mouvement de sortie des institutions pour aller au plus près des réalités vécues par les publics ne se limite pas au travail social ou à la prévention spécialisée. La création du SAMU social dans les années quatre-vingt-dix repose sur la même intuition : rejoindre les publics qui ne sont pas atteints par les institutions de l’intervention sociale, là où ils sont, là où ils vivent.

Aujourd’hui, nous voyons fleurir de nombreuses initiatives développant diverses formes d’aller-vers : stratégie de lutte contre les pauvretés, équipes mobiles dans le secteur social et médico-social, délocalisation des lieux d’accueil, présence d’associations d’éducation populaire au pied des immeubles, bureaux mobiles dans des véhicules aménagés, etc.

  • Une résurgence liée aux limites actuelles de l’intervention sociale

Une question se pose devant la multiplication de ces initiatives : pourquoi cette remise au goût du jour, sur le devant de la scène des pratiques professionnelles, de méthodes qui ont fait leur preuve par le passé mais qui se sont progressivement étiolées ?

Car si l’aller-vers fait partie de l’ADN du travail social, ce sont bien les logiques de guichet qui, progressivement, se sont imposées. Ce que nous nommons la logique de guichet, c’est l’exact opposé de l’aller-vers. Le professionnel attend l’usager derrière son bureau. C’est le bénéficiaire qui doit se déplacer pour aller à la rencontre du travailleur social. Cette logique est le symptôme de l’institutionnalisation de l’intervention sociale. Par ce terme, nous entendons signifier cette logique où c’est l’usager qui doit s’adapter au moule institutionnel qui lui est proposé, non l’inverse. L’évolution du travail social, sa professionnalisation, a contraint les personnes à se conformer au format du dispositif s’adressant à elles. Les politiques sociales ont ainsi créé des catégories de bénéficiaires correspondant aux cases des organisations chargées de traiter leur problème.

Ce phénomène d’institutionnalisation a renforcé les logiques bureaucratiques et technocratiques en délimitant les pratiques d’accompagnement dans des cadres budgétaires, procéduraux et référentiels de plus en plus prescrits. Il a cependant atteint ses limites.

Un indice éclaire ce relatif échec de la rationalité instrumentale qui tente de s’imposer au travail social : les non-recours. Des masses de plus en plus significatives de personnes ne font pas ou plus appel aux institutions censées les aider. Ils désertent les dispositifs pour rejoindre ceux que l’on nomme les invisibles du travail social. Cette volonté de certains de passer en-dessous des radars prend diverses significations : échapper à une forme de contrôle social, renoncer face aux complexités des démarches, refuser la stigmatisation sociale, revendiquer une capacité à faire par soi-même, se défier de l’assistanat, etc.

Ainsi, le constat s’impose aux politiques sociales d’un échec relatif des dispositifs qu’elles mettent en place. Le fond de ce problème c’est la prise en compte des droits fondamentaux des personnes accueillies ou accompagnées. La logique de guichet peut représenter une atteinte à ces droits, ou au moins la non-prise en compte de cette revendication majeure des sujets sociaux d’être reconnus dans leur singularité, de ne pas être assimilés à leur problème, d’éviter les stigmatisations.

Bousculée par un accroissement significatif des besoins sociaux qui croise une réduction des moyens disponibles pour y répondre, interrogée sur ses légitimités au regard des sommes investies (« un pognon de dingue »), critiquée sur son soi-disant faible niveau de performance dans le traitement des situations sociales problématiques, l’intervention sociale est en crise.

C’est dans ce contexte que l’aller-vers réapparaît comme un moyen de renouveler les perspectives d’action pour un système qui apparaît de plus en plus à bout de souffle (Cf. l’état actuel de la protection de l’enfance, de la prise en charge de certains handicaps, de la dépendance liée au grand âge, des demandeurs d’asile, de la délinquance des mineurs, de l’hébergement d’urgence des personnes à la rue, etc.).

  1. Les pièges de l’aller-vers

Si l’aller-vers représente une opportunité pour repenser à nouveaux frais les tenants et aboutissants du travail social dans notre société, il nous faut procéder à une analyse critique des écueils que peut représenter ce mouvement et envisager les conditions selon lesquelles les actions de terrain pourraient en tirer profit.

  • Les miasmes de la pensée coloniale

La pensée coloniale repose sur l’idée que certains sont supérieurs à d’autres. Cette supériorité fait peser sur ceux qui se croient privilégiés du fait de leur position sociale, de leur culture, de leurs valeurs, etc. une responsabilité à l’égard de ceux qui sont perçus comme inférieurs. Le travail social est imbibé de cette vision des rapports humains.

Ainsi, l’aller-vers, si nous n’y prenons garde pourrait se réduire à une démarche de colonisation des espaces sociaux jugés incultes, sauvages ou sous-développés. L’intervenant social peut alors revêtir les oripeaux de cette conquête civilisatrice.

Le travailleur social peut s’enfermer dans cette volonté d’apporter la civilisation aux publics vulnérables : Comme un conquistador des temps modernes.

Il peut aussi se laisser piéger par l’illusion d’une hégémonie culturelle qui serait seule porteuse des bonnes valeurs à promouvoir : Comme un missionnaire de la bien-pensance.

Il peut tout autant se prendre au jeu du sauveur des causes désespérées, capable de régler tous les problèmes : Une sorte de Superman du travail social.

Dans le même mouvement, il peut se vivre comme un redresseur de torts en allant à la rencontre des victimes des injustices sociales : Comme un Zorro des droits de l’Homme.

Plus intimement, il peut voir dans cette démarche d’aller à la rencontre des exclus de la société l’occasion de réparer ses propres blessures narcissiques : Ce serait alors un Batman de l’égalité.

Dans cette tendance militante, le travailleur social peut aussi se situer en justicier : Comme l’est Spider-Man pour l’ordre social.

  • La solution à tous nos maux

Placer l’aller-vers comme la bonne solution risque de rejeter les organisations classiques du travail social. Nous verrions alors s’ouvrir un procès contre la fonction institutionnelle des établissements et services. Ceux-ci font institution en ce sens qu’ils sont repérés comme des espaces de droit offrant la possibilité à chacun d’être accueilli, d’avoir une place, d’être reconnu.

L’institution, cadre de la loi, réfère l’intervention sociale aux Droits de l’Homme. Dans ce contexte, tous les coups ne sont pas permis et les tenants et aboutissants du travail social sont énoncés au nom des valeurs de la République. Le travailleur social, dans l’aller-vers, n’est donc pas une sorte d’agent secret -à l’image de James Bond – qui tairait les motifs de son action.

L’aller-vers risque d’estomper la fonction institutionnelle, de réduire l’intervention à un face-à-face entre le professionnel et l’usager, hors des cadres institués. Le risque est alors de transformer les travailleurs sociaux en des Robinsons Crusoé, c’est-à-dire des acteurs isolés sur leur île déserte, loin des repères sociaux, en face à face solitaire avec le bénéficiaire comme le fut Robinson avec Vendredi.

Si l’aller-vers est conçu comme un espace de travail hors du cadre institué, il y a un grand risque à ce que l’intervenant se perde dans la rencontre des publics dans des espaces informels. Il risque de s’assimiler au milieu où il évolue, tel un caméléon, perdant de vue les références d’action qui fondent sa légitimité.

  1. Les opportunités de l’aller-vers

Ce rapide inventaire des écueils possibles de l’aller-vers nous alerte et nous indique qu’il ne peut être considéré, en soi, comme une solution parfaite.

Pour saisir les opportunités qu’offre la dynamique de l’aller-vers, il nous faut repenser à nouveaux frais d’une part la dimension clinique du travail avec et pour autrui, d’autre part, les conséquences à en tirer pour les organisations du travail social.

  • Une nouvelle façon de travailler pour les intervenants

L’aller-vers, nous l’avons sous-entendu, suppose de se départir des syndromes que nous venons d’évoquer. Pour cela, c’est la relation entre professionnels et usagers qui doit être revisitée.

Ce qui est fondamental dans l’aller-vers, c’est la rencontre, c’est de créer les conditions. De cette rencontre. Cela suppose plusieurs conditions :

  • D’abord, l’aller-vers ne peut cibler des publics de manière trop précise. En effet, rencontrer les personnes vulnérables dans les lieux où elles vivent est incompatible avec un tri des personnes. Imaginons un travailleur social intervenant dans un squat qui déclare à une personne qu’elle ne relève pas de sa mission…
  • Ensuite, les lieux de cette rencontre ne peuvent être préalablement fixés. Ils dépendent des lieux où évoluent les personnes et les groupes. Ils doivent même être délimités par les habitants et non par des critères de politique sociale. La rencontre se fait là où elle est possible (la rue, le café, le logement, les lieux culturels, les espaces de travail) et là où l’habitant convoque le professionnel.
  • Les modalités de la relation ne sont pas définies préalablement à la rencontre, elles se construisent au fur et à mesure de l’évolution des rapports qui se créent.
  • La temporalité de l’aller-vers reste totalement ouverte. Le moment, la durée, le rythme de la rencontre s’ajustent en permanence à ce qui se passe, à la manière dont les choses évoluent, intégrant les aléas, les ruptures, les bifurcations qui sont, somme toute, l’apanage de toute relation humaine.
  • Le format des publics visés par l’aller-vers est à géométrie variable. La démarche peut déboucher sur des relations individuelles, collectives, avec une communauté, un quartier. Bref, définir des cibles et des volumes a priori empêche la démarche de tirer profit de toutes les opportunités qu’elle suscite.
  • Si l’objectif de l’aller-vers répond à des orientations de politique sociale – c’est ce qui évite de faire de l’aller-vers une colonisation des publics – il ne peut être défini de manière trop restrictive. Autrement dit, l’aller-vers est une démarche globale qui englobe largement les phénomènes sociaux qu’il entend traiter.
    • L’empouvoirement des personnes accompagnées

Si l’on veut éviter ce tropisme colonisateur, il faut se rappeler sans cesse que l’aller-vers a pour finalité de développer le pouvoir d’agir des personnes concernées. Cela pose des limites déontologiques précises aux professionnels.

L’intervenant ne peut plus être celui qui sort des murs de son institutions pour apporter des solutions aux publics qui en sont éloignés. Il quitte sa zone de confort – son bureau ou son guichet – pour aller humblement s’immerger dans la réalité vécue par les gens. Ne se vivant plus comme un super-héros, c’est dans un certain dénuement qu’il affronte cette nouvelle manière de se positionner. Paradoxalement, c’est la fragilité de sa position relativement insécure qui génère sa force, sa capacité à résoudre les problématiques vécues par les personnes qu’il rencontre. Cette fois ci, non pas en induisant ses propres vues ou perspectives mais en se mettant modestement à disposition des habitants, en se tenant auprès d’eux, en vivant avec eux. N’est-ce pas en prenant le risque de l’aller-vers que les professionnels sont le plus en mesure d’entendre les demandes et besoins des personnes ? N’est-ce pas dans l’authenticité d’une rencontre ouverte que les professionnels sont le plus en mesure de laisser agir les personnes dans leur intérêt ? Il s’agit simplement d’être là non pour dire ce qu’il faut faire mais pour soutenir ce qu’ils veulent faire pour solutionner leur situation.

  1. Ce que l’aller-vers suppose pour les organisations du travail social

Mais pour saisir ces opportunités ouvertes par un nouveau positionnement professionnel au service de l’empouvoirement des usagers, il convient d’interroger les formes organisationnelles qui seraient les plus favorables à ce changement de paradigme.

  • Régler la dichotomie dedans/dehors

Un premier aspect concerne le rapport des organisations à leur environnement. La technicisation des interventions a créé des distances entre les dispositifs et leurs publics cibles : numérisation des accès (Cf. France Travail ou l’accès à la Structure du Premier Accueil de Demandeur d’Asile – SPADA), complexité des formulaires administratifs (Cf. les procédures de la CAF), fermeture des lieux d’accueil de proximité (Cf. les centres de gestion des finances publiques ou certaines agences bancaires en zone rurale).

Cette technicisation a rigidifié des protocoles sous l’empire d’une rationalité instrumentale : de plus en plus de procédures, de guides de bonnes pratiques, de référentiels de méthode, de cadres de reporting, etc. Ce faisant, l’organisation est devenue de plus en plus hermétique, ses choix et orientations ne pouvant plus être compris par les personnes. Cette fermeture organisationnelle a recentré les acteurs au cœur du dispositif, les enfermant dans des technologies chronophages qui ont pour effet de les éloigner des usagers.

C’est ainsi que les rapports entre le dedans et le dehors des organisations s’est rigidifié. Les délimitations apparaissent de plus en plus fortes : on est à l’intérieur ou à l’extérieur de la structure. Nous voyons que l’aller-vers se pose dans ce contexte de manière complexe. S’il s’agit d’envoyer des professionnels en dehors de la structure, nous risquons un clivage marqué entre ceux qui restent à l’intérieur, derrière leur bureau ou dans leurs murs, et ceux qui sortent dehors. Ces derniers risquent de se sentir abandonnés hors des remparts de l’institution. De plus, si leur position est valorisée par l’encadrement, ils renvoient implicitement un message qui transforme ceux qui sont restés sur place en « ringards ».

La priorité pour éviter ces ruptures est de repenser l’organisation comme un espace ouvert et inscrit dans des interactions fortes avec son contexte. Finalement, c’est toute l’organisation qui doit s’immerger dans l’environnement pour accompagner et soutenir ceux d’entre ses acteurs qui vont à la rencontre des publics. C’est l’organisation elle-même qui doit « aller-vers ». C’est l’enjeu central qui se pose aux responsables pour que ces fantassins de l’aller-vers ne soient pas livrés à eux-mêmes ce qui les amènerait à devenir des étrangers à leur propre institution d’appartenance.

Les acteurs de l’aller-vers ont impérativement besoin d’une organisation qui soutienne leur mission, qui sécurise leur prise de risque, qui leur garantisse des marges de manœuvre suffisantes pour assumer et garantir les critères cliniques que nous avons définis plus haut.

  • Créer les conditions d’une nouvelle alliance entre professionnels et usagers

Finalement, ce sont les organisations du travail social qui doivent changer de paradigme grâce à cette perspective féconde de l’aller-vers. C’est-à-dire réviser en profondeur leur structure, leurs processus d’actions, la finalité même de celles-ci.

Permettre aux travailleurs sociaux d’aller-vers les publics vulnérables, là où ils sont, là où ils vivent, suppose que l’organisation opère ce déplacement symbolique de sortie des murs institutionnels. Non pas pour se diluer dans un gloubi-boulga informe et opportuniste mais pour réimplanter les ambitions des politiques de solidarité au cœur des problématiques sociales qu’elles entendent prendre en compte et traiter, là où elles se vivent, là où elles naissent, là où elles peuvent être résolues avec les personnes concernées. Le mouvement descendant qui va des décideurs aux bénéficiaires en passant par les intermédiaires que sont les organisations et les professionnels doit s’inverser dans l’aller-vers.

L’expérience déterminante de la rencontre, au cœur de la vie des gens, devient la matrice qui permet de penser les modalités du travail avec et pour autrui. Cela suppose de mettre un terme au « faire pour » et de donner la priorité au « faire ensemble ». C’est ce qui se bricole sur le terrain, entre les parties-prenantes à l’action, qui renseigne les responsables des politiques sociales quant à la meilleure manière de procéder. Il leur revient alors, non plus de dicter les procédures mais de s’inspirer du vécu de terrain pour légiférer l’action sociale, pour renforcer le pouvoir d’agir des professionnels, pour leur donner les moyens de faire.

Dans cette transformation des solidarités territoriales, le cœur du système se situe dans ce qui se joue entre intervenants et bénéficiaires. C’est précisément à cet endroit que doit se construire une nouvelle alliance entre travailleurs sociaux et usagers.

Par nouvelle alliance, nous entendons une manière d’associer des intérêts différents dans un but commun. Les intérêts sont différents entre des intervenants mandatés par la collectivité pour venir en aide à des publics en difficulté et les habitants qui vivent ces difficultés (Cf. en protection de l’enfance la tension entre la nécessité de protéger l’enfant et la demande des parents de conserver leurs prérogatives parentales). Mais ces différences d’intérêts n’empêchent pas la construction d’un « en commun », d’intérêts partagés. La notion d’alliance associe des personnes ou des groupes différenciés. Elle est la condition pour que les travailleurs sociaux ne se confondent pas avec les habitants (Cf. phénomène du caméléon cité plus haut). Elle est la condition pour que les usagers n’aliènent pas leur pouvoir d’agir aux vues des intervenants. L’alliance ce n’est pas l’union de semblables mais une stratégie d’action concertée entre des sujets différenciés.

Conclusion

Certes, sous cette perspective, l’aller-vers n’est pas un long fleuve tranquille…

Tout d’abord, l’aller-vers est à la fois un nouvel horizon pour le travail social et un héritage de visées qu’avaient ouvertes les précurseurs du travail social. Il ne s’agit donc pas d’y aller en ayant l’impression de faire la révolution ou, à l’inverse, d’avoir réinventé l’eau chaude. Il s’agit de saisir les opportunités de refondation des légitimités de l’intervention sociale en s’adaptant aux enjeux contemporains.

Ensuite, nous avons vu que l’aller-vers supposait un réel travail sur les positionnements professionnels pour éviter de transformer l’opération en conquête de nouveaux territoires de contrôle social, d’extension du champ de lutte.

Nous avons identifié la nécessité de répondre aux questions inhérentes à tout projet : qui est concerné (les publics visés) ? Où se déroule l’action ? Comment et selon quelles méthodes ? Quels sont les tempos qui permettent la rencontre ? Quelles sont les échelles du projet ? Et enfin de quelles marges de manœuvre disposent les acteurs ?

En effet, la manière de penser les méthodologies de l’aller-vers influent directement sur sa finalité qui reste la possibilité de développer la capacité à agir des personnes concernées.

Enfin, nous avons pris conscience que l’aller-vers ne peut concerner les seuls professionnels qui partent à la rencontre des publics hors les murs des organisations. C’est toute l’organisation de travail qui doit opérer ce que nous avons nommé un changement de paradigme – c’est-à-dire des tenants et aboutissants du projet – afin de créer les conditions d’une nouvelle alliance entre professionnels et usagers de l’action sociale. C’est alors cette nouvelle alliance produite par l’aller-vers qui serait le fondement d’une solidarité renouvelée dans les territoires.

 

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Présentation de l’auteur

Roland JanvierRoland JANVIER, chercheur en sciences sociales, titulaire d’un doctorat en sciences de l’information et de la communication.
Je suis actuellement président du Comité Régional du Travail Social de Bretagne.
Repolitiser l'action sociale

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