L’action sociale vise des publics. Elle est organisée en secteurs pour traiter de manière adaptée les situations selon leurs caractéristiques : handicaps, problématiques de la dépendance liée au grand âge, exclusions sociales, etc. Par un souci toujours plus pointilleux de répondre aux besoins, se sont créées des catégories de plus en plus fines de ces publics. L’idée dominante : plus on catégorisera finement les cibles, plus on sera efficace.
Mais ce découpage rationnel des publics ne fonctionne pas. Force est de constater que certaines personnes croisent des délimitations différentes, appartiennent à divers publics, échappent à la classification dans laquelle on les avait soigneusement rangés.
Fort heureusement !
C’est plutôt rassurant de voir les « vrais gens » échapper à ce classement rationnel et méticuleux d’une action sociale pensée par des bureaucrates en dehors de sa réalité.
Finalement, c’est cette conception technocratique de politiques sociales « en tuyaux d’orgue » qui ne fonctionne pas. Pourquoi les dispositifs d’intervention sociale rendent aussi compliqué le passage d’un tuyau à un autre alors que les pratiques sociales sont désormais marquées par la multi-appartenance des sujets, le nomadisme de leurs affiliations, la pluralité des références identitaires ?
Il est urgent de penser l’intervention sociale non plus comme la juxtaposition de dispositifs hermétiques mais comme un système poreux de combinaisons d’actions destinées à renforcer leurs complémentarités.
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Tout à fait juste et bien analysé